Découverte du métier de greffier ad hoc

Découverte du métier de greffier ad hoc

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Rafael Freiermuth est greffier ad hoc au Tribunal d’arrondissement de Lausanne. Dans cette interview, vous découvrirez son parcours, de ses débuts jusqu’à son expérience actuelle. Il nous explique également en détail les diverses responsabilités qui lui incombent dans ce rôle essentiel au sein du système judiciaire.  



  • Peux-tu nous expliquer quel poste tu occupes ?

Je travaille en tant que greffier ad hoc au Tribunal d’arrondissement de Lausanne. 

  • Qu’est-ce qu’un greffier ad hoc ?

Le terme ad hoc signifie que je suis assigné à une Cour en particulier. Pour ma part, il s’agit de la Cour pénale. Je m’occupe des audiences de police, correctionnelles et criminelles. J’assiste et décharge les magistrats lors d’audiences pénales. Je participe au bon déroulement de la procédure et je m’occupe également de certains points administratifs après l’audience. Les responsabilités peuvent varier d’un tribunal à l’autre.

  • Comment es-tu devenu greffier ?

Pour pouvoir travailler à Lausanne, il faut avoir au moins un Bachelor en droit. Après avoir postulé au Tribunal d’arrondissement de Lausanne et après entretien, j’ai commencé une formation. J’ai suivi plusieurs greffiers ad hoc qui m’ont montré qu’elles allaient être mes missions avant, pendant et après une audience.   

  • Quel est ton rôle au quotidien ?

Je commence par préparer le procès-verbal. Cela consiste à le mettre en page et à insérer les informations des parties, entre autres. 

Lorsque l’audience débute, je retranscris les déclarations des parties. Cela peut se faire « à la volée », soit en rédigeant les déclarations par moi-même, ou alors certains présidents peuvent  dicter le contenu à noter. De plus, lors des plaidoiries, il est important de noter tous les éléments susceptibles d’être utile au président lors des délibérations et de la rédaction du jugement. Il faut porter une attention particulière aux conclusions de chaque plaideur.

Une fois l’audience terminée, la phase des délibérations commence. Les greffiers y participent puisqu’ils disposent d’une voix consultative consacrée par la loi. 

Au terme des délibérations, je commence par préparer le jugement en inscrivant la situation personnelle du prévenu, les faits de la cause, ainsi que, pour la partie en droit, les majeures nécessaires pour la rédaction et ensuite le président me dicte le reste des considérants. Je dois également rédiger une ébauche de dispositif du jugement, à savoir sa partie finale, qui contient la décision en tant que telle, sans la motivation ou les considérants, qui sont généralement énoncés auparavant.

Au niveau administratif, une fois le tout terminé, je m’occupe d’actualiser le casier judiciaire en cas de condamnation et de faxer le dispositif aux différentes entités nécessaires, entre autres.

  • Quels sont les principaux défis dans cet exercice (ex. charge de travail, concentration, etc.) ?

Le principal défi est lié à la dactylographie. Il faut être capable de comprendre instantanément ce que les parties disent, veulent nous faire comprendre et l’écrire rapidement. De plus, la vitesse avec laquelle ils s’expriment peuvent rendre l’exercice plus compliqué. 

La charge de travail peut également être plus conséquente lorsque les parties sont en nombre. Il faut être capable de jongler entre leurs déclarations. Il est également à noter que dans ce genre de situations les audiences peuvent durer sur plusieurs jours. Rester concentré est donc essentiel.

J’exerce ce travail en parallèle de mon Master, cela demande donc un certaine organisation. J’ai la possibilité de le faire notamment car les cours à Genève sont enregistrés. En début de chaque mois, je transmets mes disponibilités et on m’attribue les audiences en fonction de celles-ci.

  • Selon toi, quelles sont les compétences essentielles d’un greffier ? 

Tout d’abord être bon et rapide en dactylographie. C’est l’élément le plus important car la bonne prise du procès-verbal repose sur ces éléments. Il faut avoir un esprit synthétique pour retranscrire les éléments importants des déclarations.

Ensuite, savoir collaborer avec les magistrats et les gestionnaires de dossier est aussi important. Chaque magistrat a une manière de travailler qui est différente. Savoir être à l’écoute et comprendre leurs attente est une qualité essentielle.

  • As-tu autre chose à ajouter ? 

Travailler comme greffier ad hoc est très formateur, tant pour comprendre les procédures que pour découvrir le monde judicaire. Pour quelqu’un qui aspire à devenir magistrat, le greffe est une excellente école. Cela permet de mettre en pratique les connaissances étudiées à l’université.

S’agissant de l’avocature, cela permet de comprendre concrètement le rôle de l’avocat lors d’une audience, en observant ses interventions orales, sa gestion des preuves, et ses interactions avec les magistrats et les parties. Cela offre une perspective directe sur leurs compétences techniques, leurs stratégies de défense ou d’accusation, ainsi que sur la manière dont ils adaptent leur discours en fonction du contexte juridique et des enjeux du procès.

Interview réalisée par Gwenaëlle Viglino
Article reformulé en collaboration avec Rafael Freiermuth


Source image : https://www.pexels.com/fr-fr/photo/table-en-bois-equilibre-figurine-justice-6077297/


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