Interview d’une étudiante sur son parcours universitaire et professionnel
Peut-on réussir l’allemand juridique si l’on n’a jamais eu de cours d’allemand, quelles options choisir, que faire après le bachelor, comment trouver un stage ? Durant ses études, l’étudiant en droit est confronté à de nombreuses interrogations. Ancienne étudiante de la faculté de droit au sein de l’Université de Genève, Manon nous parlera de son parcours universitaire ainsi que professionnel afin de répondre à nos questions.
- Quel est ton parcours universitaire ?
J’ai débuté par un bachelor en droit dont j’ai redoublé la première année. Puis, j’ai fait un master en droit international et européen et, en parallèle, j’ai aussi passé le Certificat de droit transnational (CDT) en anglais. Je viens de terminer l’École d’avocature (ECAV) et je vais commencer mon stage d’avocat stagiaire.
- Peux-tu me détailler comment s’est passé ton bachelor ? Quelles options as-tu choisies et quels ont été tes ressentis ?
Durant la première année, j’ai trouvé que l’on n’était pas assez préparé. Je pense que s’il y avait eu des choses que j’avais sues en avance, je me serais mieux préparée et je n’aurais pas redoublé. Notamment pour les cas pratiques, je trouve qu’on ne nous expliquait pas assez ce qu’on attendait de nous pour les examens. Je me suis sentie un peu dépassée et je n’ai pas réussi à tout gérer. En revanche, la 2ème et la 3ème année m’ont paru beaucoup plus intéressantes.
En option, j’avais pris introduction à la criminologie, comptabilité qui va avec droit des sociétés, droit de la concurrence et propriété intellectuelle que j’ai fait mettre sur un certificat.
- Entre ta première et ta deuxième première année, qu’as-tu changé dans ta méthode de travail ?
J’ai beaucoup plus orienté mes révisions sur la résolution des cas pratiques que sur la théorie. J’étais restée sur mes révisions du baccalauréat : l’apprentissage par cœur. En fait, j’ai remarqué que, en droit, la résolution des cas pratiques et des QCM est primordiale. C’est donc ce que j’ai changé principalement.
- Quels conseils donnerais-tu aux étudiants de bachelor ? Par exemple sur la charge de travail, est-ce que tu lisais toutes les lectures ?
Il me semble que je lisais, en effet, toutes les lectures car cela m’aidait à intégrer la matière. Je faisais aussi beaucoup de cas pratiques pour parvenir à les réaliser plus rapidement. Mon conseil est, de ce fait, de les résoudre chaque semaine, dans la mesure où c’est ce qui est attendu des étudiants le jour de l’examen. Cet entraînement n’est pas négligeable.
- Tu es plutôt team fiche de révision, note à la main ou plutôt sur l’ordinateur ?
Plutôt ordinateur. Je suis une psychorigide des notes. Je note mot pour mot tout ce que les professeurs disent, de peur de passer à côté de notions importantes. Pour moi, lorsque j’ai commencé à faire des fiches, je me suis rendue compte que je ne faisais que réécrire mon cours, ce qui est inutile. J’ai arrêté, ce n’était pas concluant. En revanche, il s’agit d’une impression personnelle, certains étudiants ont besoin de faire des résumés avec des mots clefs. En ce qui me concerne, j’ai besoin d’avoir beaucoup d’informations pour mémoriser mes cours.
- Parles-tu allemand ? Si ce n’est pas le cas, qu’as-tu fait pour améliorer ton niveau ? As-tu réussi allemand juridique ?
Je ne parle pas allemand et je n’ai aucune base car je n’ai pas pris allemand au lycée. Je n’ai pas passé allemand juridique et pour répondre à la question qui va suivre ça n’a jamais été un problème ni dans mes études ni, pour le moment, dans mon travail. On ne m’a jamais demandé de parler ou de plaider en allemand, et quand j’avais des recherches à réaliser, j’utilisais un traducteur. J’ai vingt-cinq ans, ça fait six ans que je travaille et, de manière générale, pour faire des recherches, DeepL va très bien.
- Parles-tu couramment anglais ?
Oui, j’ai un bon niveau en anglais et en espagnol, donc cela compense le fait que je ne parle pas allemand. Si je peux donner un conseil, il vaut mieux avoir un bon anglais et un français irréprochable plutôt qu’un allemand et un français approximatifs. Les fautes d’orthographe, le français parlé, avoir de bonnes tournures de phrases et savoir rédiger, sont des compétences primordiales.
- Par rapport à ton master en droit international, est-ce que c’était une évidence pour toi que ce serait ce master plutôt qu’un autre ? Comment as-tu fait pour le choisir ?
J’ai beaucoup aimé le cours de droit international public et privé en bachelor. J’apprécie tout ce qui est en lien avec le droit international. J’ai trouvé le bachelor très focalisé sur le droit suisse donc je voulais m’ouvrir en ayant un diplôme plus international. Finalement, il y a beaucoup de domaines liés au droit international, comme le droit de la famille ou encore le droit de la concurrence. Tout ce que j’avais fait en bachelor se retrouvait dans le master en droit international. Puisque j’avais aussi envie de partir en Erasmus, j’ai pensé qu’il serait judicieux de m’orienter vers un master en droit international, pour pouvoir faire ces matières à l’étranger. Donc, pour moi, oui, le choix de mon master était une évidence.
- Es-tu partie en Erasmus ? Si oui, à quel moment ?
Oui je suis partie six mois en Finlande. Ce qui est conseillé de faire, c’est de prolonger son master quand on part car faire toutes les matières obligatoires avant de partir peut se révéler compliqué. Plutôt que de le faire en un an et demi, je l’ai fait en deux ans. Je suis partie au 3ème semestre de master donc, quand je suis rentrée, il me restait deux matières à faire. C’est à ce moment-là que j’ai fait en même temps le CDT. Puisque je n’avais que deux cours ça m’a permis d’en prendre encore trois autres en plus et d’avoir un diplôme supplémentaire.
- Travaillais-tu en dehors de tes études ? Si oui, comment as-tu trouvé ton travail ? Est-ce que c’était difficile ? Combien d’heures par semaine travaillais-tu ?
Depuis la première année de bachelor, je travaillais en faisant du babysitting. Cependant, en deuxième année, j’ai eu envie de trouver un emploi plus en adéquation avec mes études. J’ai vu une annonce sur Uni-emploi qui semblait liée au droit : un poste de réceptionniste dans une étude. En bachelor, c’est difficile de trouver une place dans une étude car on n’a pas de légitimité tant qu’on n’a pas au moins le diplôme. J’ai donc été réceptionniste pendant deux ans et je travaillais en moyenne vingt-cinq, trente heures par semaine, en plus des cours. Certaines semaines, je faisais plutôt dix heures, comme indiqué dans mon contrat, et, d’autres, j’en faisais plus, en fonction de mes disponibilités. Je n’ai pas eu de difficulté à trouver cet emploi car j’ai répondu à l’annonce assez vite, j’ai eu un entretien et j’ai commencé une semaine après.
- Pour la suite, qu’aimerais-tu faire, quels sont tes objectifs ? Dans quel(s) domaine(s) aimerais-tu te diriger ?
Je ne pense pas vouloir ouvrir ma propre étude d’avocat car cela ne m’intéresse pas tellement. Au début, j’étais plus axée pour rejoindre une organisation internationale, par exemple l’ONU. Malgré le fait que cela soit, apparemment, compliqué de pouvoir accéder à un poste, j’aimerais bien avoir la possibilité de travailler un an au sein de l’ONU.
De manière générale, en ce qui concerne les domaines juridiques, j’apprécie beaucoup le droit du travail. Actuellement, j’ai réussi l’ECAV et je commence mon stage la semaine prochaine.
- En ce qui concerne ton stage en tant qu’avocate stagiaire, est-il vrai qu’il y a une liste d’attente de plusieurs années pour pouvoir trouver une étude ?
Il est vrai que c’est très compliqué de le trouver. Il y a une liste d’attente, il faut s’y prendre tôt mais sans un master, les études te diront que c’est trop anticipé et qu’ils ne sont pas certains de te prendre. C’est assez contradictoire. Si j’ai un conseil à donner, c’est de commencer à travailler dans une étude, au stade soit de la troisième de bachelor, soit au master. C’est comme ça que j’ai eu mon stage. Être assistante juridique est un bon compromis quand on n’a pas encore l’ECAV et qu’on n’est pas avocat stagiaire car il y a des tâches administratives qui ne sont pas forcément passionnantes mais qui te montrent le travail, et aussi du juridique, où ils te demandent d’effectuer des recherches. C’est comme ça qu’ils m’ont proposé un stage. Avoir été réceptionniste m’a permis de découvrir le formalisme, comment se passent certains rendez-vous et les documents reçus, comme des réquisitions de poursuite. Ensuite, tu apprends en travaillant sur le moment. Sinon, je conseille de faire au moins un stage d’été. Personnellement, je n’en ai jamais fait car je travaillais.
Quand tu cherches ton stage d’avocat et que tu as un CV vierge, ils regardent non seulement tes notes et tes diplômes mais ils prennent aussi en considération tes expériences.
- As-tu un dernier conseil à donner aux étudiants ?
Ce qui m’a aidée dans l’ensemble de mon parcours universitaire, c’est d’être organisée et de savoir ce que je voulais. Quand j’ai su que j’avais validé ma première année, je savais quel master choisir et je savais aussi que je voulais partir dans un autre pays, durant mes études. Pour cela, il faut bien choisir la destination et les cours que l’on veut suivre à l’étranger. J’avais fait en sorte de faire beaucoup de matières avant de partir, d’en avoir plus que quatre à faire en Erasmus et deux en rentrant, pour pouvoir faire le CDT en même temps que la fin du master. Il faut être organisé !
Entretien réalisé par Carole Petot
Quelques liens utiles :
– Master en droit international et européen : https://www.unige.ch/droit/etudes/formation/master/d-2/
– Certificat de droit transnational : https://www.unige.ch/droit/transnational/fr/certificat/
– École d’avocature : https://www.unige.ch/droit/ecav/presentation/
Photo d’illustration : https://pixabay.com/id/photos/tanggal-turki-buku-central-asia-2844848/
